(( O ))
O : l’eau, l’origine
(( )) : les ricochets, les ondes, la vibration
La phonétique de la lettre permet de mieux comprendre la manière d'unifier le corps au tout. En prononçant cette lettre, je ressens dans ma bouche le souffle sortir du corps et ça vibre. Ça conditionne toute mon œuvre. La respiration, le mouvement du corps dans l'eau. Cette eau-mère, eau-de-vie, est le sujet d'un travail qui a débuté il y a plus de 10 ans avec des images comme prise dans les profondeurs de la nuit, parfois auréolée d'une lumière. Les silhouettes flottent alors dans une eau originaire. Peu à peu l'horizon s'ouvre à l'espace et à la couleur. Les clichés peuvent prendre vie de façon très différente car j’ai une grande sensibilité aux matières. C'est là que parfois mon travail devient peut-être plus plastique que photographique. En réinventant sans cesse la technique ou le support, je fais surgir un monde nouveau en surface de l'image. L'eau peut être protectrice demeure de nos corps. Elle permet beaucoup de choses, comme le reflet qui dévoile ou assombri, trouble certaines parties du corps. Le corps et l' âme sont relié. Sous l'eau, en surface, à l'extérieur ou encore l'eau qui ruisselle... à chaque fois l'émotion est différente. L'eau donne une matière visible à l'espace, rend visible le souffle, la respiration de nos corps dans l'espace. Certains de mes derniers clichés brumeux efface le paysage. C'est ma manière sensible d'unifier les éléments. Parfois, l’accès à la représentation demande de se laisser imprégner par son caractère organique dans un silence méditatif.
« Moi, c’est mon corps qui pense. Il est plus intelligent que mon cerveau. Il ressent plus finement, plus complètement que mon cerveau. Quand mon corps pense... tout le reste se tait. À ces moments-là, toute ma peau a une âme. » Colette. La Retraite sentimentale.
« le même fleuve de vie qui court à travers mes veines jour et nuit, court à travers le monde et danse en pulsations rythmées. C’est cette même vie qui pousse à travers la terre sa joie en d’innombrables brins d’herbe, et éclate en de fougueuse vagues de feuilles et de fleurs… Je sens mon corps glorifié au toucher de cette vie universelle, car ce grand battement de la vie des âges , c’est dans mon sang qu’il danse en ce moment. » Tagore