O : l’eau, l’origine
(( )) : les ricochets, les ondes, la vibration
En prononçant la lettre « O », je ressens dans ma bouche le souffle sortir du corps. Cette vibration permet de me relier au monde. Ce travail a débuté il y a plus de 10 ans pour me plonger au coeur des eaux-mères ;
où le temps n'est pas encore linéaire ;
où la lumière joue encore de ses ombres entre les parois utérines ;
où la vie est en pure relation amoureuse...
Les premières images prisent en pleine nuit sont parfois très sombres ; l’accès à la représentation nécessite de se laisser imprégner par son caractère organique, silencieux et réflexif. Les silhouettes flottent dans une eau originaire.
Au fil des années, le sujet s'ouvre à l’horizon et à la couleur. Que ce soit sous l'eau, en surface, à l'extérieur ou encore une eau qui ruisselle... l'émotion est à chaque fois différente. L’eau est en perpétuel mouvement, en perpétuel changement. À la fois sacrée et banale, l’élément véhicule toute une symbolique à travers laquelle Laurence Vray voyage sans apriori ni objectif précis.
« Moi, c’est mon corps qui pense. Il est plus intelligent que mon cerveau. Il ressent plus finement, plus complètement que mon cerveau. Quand mon corps pense... tout le reste se tait. À ces moments-là, toute ma peau a une âme. » Colette. La Retraite sentimentale.
« le même fleuve de vie qui court à travers mes veines jour et nuit, court à travers le monde et danse en pulsations rythmées. C’est cette même vie qui pousse à travers la terre sa joie en d’innombrables brins d’herbe, et éclate en de fougueuse vagues de feuilles et de fleurs… Je sens mon corps glorifié au toucher de cette vie universelle, car ce grand battement de la vie des âges , c’est dans mon sang qu’il danse en ce moment. » Tagore